Oyez, Oyez ! Avis à la population du Royaume Oublié de Goblivion ! L’heure est grave ! Nous avons de bonnes raisons de croire que des gobelins et des trolls descendus en masse de leurs montagnes vont bientôt attaquer notre belle cité (Oui, les sources sont fiables… un paysan à qui il manque un bras ne ment pas souvent !)
Heureusement, notre forteresse est imprenable… Enfin… elle devrait l’être. A priori. Rassurez vous, vos seigneurs seront donc en sécurité… mais il nous appartient de vous prévenir que vous risquez fort d’être les premiers à subir les assauts de ces satanées bestioles.
Notre budget ne nous permettant pas d’allouer quelques bataillons à votre défense, nous avons pris la décision, lors de notre dernier banquet… pardon… lors de notre dernier conseil de sécurité de vous envoyer l’un de nos meilleurs soldats qui aura comme mission de vous entraîner au maniement des armes et à la confection de moyens de défense en tout genre pour résister à l’ennemi.
NOUS CROYONS EN VOUS !
Pas de bol, c’est encore sur vous que ça tombe. Vous pensiez pourtant avoir trouvé une planque imparable, affecté à la protection du stock de couverture, mais pas moyen de coincer la bulle tranquille, vous voila parachuté les deux pieds sur un tas de fumier, au milieu d’un village peuplé de paysans qui n’ont visiblement pas tous les étages éclairés.
Et aussi étonnant que cela paraisse, les paysans semblent attendre quelque chose de vous… Pourtant vous êtes sorti bon dernier de vos classes, et vos coups d’éclats sur le champs de bataille se résument à vous être assommé avec votre fronde à la première tentative d’expédier un projectile sur l’adversaire. Direction l’hôpital.
Vous êtes rapidement mis au courant par le percepteur qui sait bien, lui, que si les paysans se font boulotter par les trolls, il ne restera plus grand monde à imposer. Il va donc falloir que vous transformiez cette bande de bons à pas grand chose en soldats crédibles capables d’affronter la menace qui pèse sur vous.
J’suis chef de guerre moi, j’suis pas là pour agiter des drapeaux et jouer d’la trompette…
Goblivion est un jeu de deckbuilding dans lequel vous allez devoir entraîner vos paysans pour affronter des hordes de créatures aussi moches qu’agressives. Si par miracle vous parveniez à défaire ces légions puantes, il vous reviendra de mener la résistance face aux boss qui, légèrement énervés par vos excès de zèle, viendront eux-mêmes vous faire rentrer dans le crâne à coup de masse qu’on ne résiste pas à un troll qui a la dalle !
Votre Souverain (ou Souveraine, on est pour la parité chez Plateau Solo), vous a octroyé un petit budget avec lequel vous devrez composer. Si vous tombez à court de budget, vous serez seul face à l’ennemi, et vos entrailles seront servies en plat de résistance au festin de la victoire de ces bestioles.
Le niveau de difficulté choisi prend en compte le nombre de boss à affronter après avoir défait la horde, et les avantages et pénalités que vous confèrera le suzerain que vous aurez choisi.
Vous démarrez avec un deck de 20 cartes représentant vos paysans. Chaque carte propose une force d’attaque comprise entre -2 et 2, et éventuellement un pouvoir à activer lorsque la carte est piochée.
Le deck ennemi est quant à lui composé de 15 cartes à la difficulté croissante, et de 3 à 5 boss en fonction de la difficulté choisie.
Un tour de jeu se décompose en deux à trois étapes :
- l’entraînement durant lequel vous allez devoir tenter de former vos paysans au dur métier de soldat
- la progression de la horde vers votre château
- l’attaque du château durant laquelle vous devrez affronter les Gobelins et Trolls qui seront arrivés jusqu’à vos remparts.
Alors c’est ça, la stratégie moderne? Réunir cinq trous-de-balle en cercle et s’balancer des fions?
Dans un premier temps, vous allez donc devoir entraîner vos paysans. Pour cela, vous devrez d’abord choisir la spécialité à enseigner grâce au jeton en bois fourni dans la boîte, puis piocher le nombre de cartes correspondant à cette spécialité depuis votre deck et les révéler. Vous devrez alors atteindre le score cible de la carte visée, en utilisant les points de force de vos paysans, et en activant leur pouvoir.
Easy ? Malheureux !!!!!! Le fermier « lambda » n’a aucun point d’attaque et représente le gros de vos forces… Viennent ensuite l’ivrogne, le mendiant, le prescripteur, ou pire, l’idiot du village qui vous font perdre des points de combat… Vous devrez donc composer avec cette bande de bras cassés, et quelques autres, en activant les pouvoirs à votre disposition pour tenter d’inverser des probabilités qui sont clairement contre vous !
Vous y parvenez ? Vous choisissez un paysan en jeu et vous l’échangez avec la carte que vous convoitiez. Vous échouez ? Vous pouvez payer la différence entre le score à atteindre et le score que vous avez réalisé avec des espèces sonnantes et trébuchantes pour vous en emparer… ou bien renoncer et garder vos cartes.
Une fois l’entraînement terminé, toutes les cartes (remportée et utilisées) rejoignent la défausse (aka l’Hôpital).
Halte là, manants de bon conseils ! Rebroussez malice à l’instant où il vous en cuira. A l’étuvée.
Vient ensuite le tour de l’IA. Durant les 4 premiers tours, elle se contentera d’avancer inexorablement, carte après carte, contrée après contrée, face cachée. Puis, une fois au porte du château, durant la phase d’attaque, les cartes ennemies seront révélées et appliqueront leurs effets, le cas échéant.
Durant cette phase, une fois une carte ennemie révélée, vous piochez autant de cartes qu’indiqué et formez ainsi votre ligne de défense. Une fois toutes les cartes ennemies révélées (3 au maximum), l’affrontement peut débuter.
Comme à l’entraînement, vous devrez additionner vos points de combat et créer des combos pour affronter l’IA et défaire un maximum d’ennemis.
Lorsque vous battez un ennemi, sa carte rejoint votre défausse une fois retournée de 180° et ajoute un objet à votre inventaire. Souvent fort appréciable lors des combats, certains objets n’ont cependant comme seule utilité que de pourrir votre deck (Qui a besoin d’un slip pour affronter un troll ???).
Les ennemis qui n’auront pas été défaits vous voleront ensuite le nombre de pièces d’or correspondant à la différence entre vos points restants et leurs PV, avant de gagner en force pour le combat suivant.
Attention, si vous tombez à court de trésorerie, c’est la fin de partie, et croyez nous, ça arrive TRES TRES vite !
Si en cours d’entraînement, ou lors d’un combat, le Château est vide, les ennemis avancent. On mélange ensuite la défausse et on repart au combat.
Lorsque le dernier ennemi est vaincu, ou lorsqu’il n’y a plus d’ennemi à faire avancer, il faut encore affronter les boss.
Après les combats qui ont fait rage, le Château est en feu et vous ne pourrez plus gagner de ressources. Pire, si vous videz le Château durant le combat contre les boss, vous perdez 2 ressources supplémentaires ! De quoi vous donner des sueurs froides si votre deck n’est pas très bien optimisé.
Pour vous aider dans vos entraînements et dans vos combats, vous aurez la possibilité « d’épargner » une carte inutilisée qui deviendra votre garde du corps et que vous pourrez faire intervenir ultérieurement.
On en a gros
D’un côté, Goblivion est un excellent deckbuilding solo, original dans sa façon de compléter et d’améliorer son deck avec le système d’entraînement en lieu et place d’un « banal » achat dans une rivière de carte. Les conditions de victoire et de défaite sortent également du lot. Ici, être plus fort que l’adversaire ne suffira pas. Si vous dépensez sans compter pour vous payer l’armée de vos rêves, il y a fort à parier que vous soyez à court d’argent à la première défaite.
De l’autre, niveau matériel, Goblivion souffle le chaud et le froid. On est devant un deckbuilding avec des cartes de belle qualité, des plateaux épais, des jetons en carton de belle taille mais aux illustrations à l’esthétisme douteux tant pour les paysans et les soldats que pour les Gobelins et les Trolls. Certes on gère une bande de paysans dignes des meilleurs épisodes de Kaamelott, mais si Jean François Gauthier nous propose un jeu excellent qu’on aime à ressortir régulièrement, il aurait peut-être dû s’offrir les services d’un illustrateur plus inspiré pour mettre en valeur son jeu !
On oublie néanmoins ce petit défaut rapidement pour se concentrer sur le plaisir procuré, tant dans les affrontements que durant les entraînements. Le jeu propose une difficulté ajustable mais toujours assez relevée qui demande de bien réfléchir à ses choix d’entraînement pour constituer un deck solide tout en étant économe pour ne pas se mettre en danger.
Rapide à mettre en place et à jouer, intelligent dans ses mécaniques, et proposant un challenge solide, Goblivion s’impose sans mal comme un incontournable pour qui aime les deckbuilding. Chez Plateau Solo, il s’est fait une jolie place à côté de Shards of Infinity et de plus gros jeux de deckbuilding comme Legendary : An alien Deckbuilding ou encore Aeon’s End dont nous vous parlerons dans un prochain article.
On aime
- Des mécaniques de jeu solides et inventives
- Un matériel de qualité dans une petite boîte qui offre quelques rangements bienvenus
- Dégommer du gobelin, joie simple et addictive
On aime moins
- La difficulté parfois très relevée
- le hasard qui guide les premiers tours et empêche parfois de construire un deck efficace
- l’esthétique discutable des cartes
C’est pour vous si
- Vous êtes en manque d’un bon deckbuilding
- la mise en place des gros deckbuildings vous épuise au point de ne pas les sortir
- Vous vouez une haine sans nom aux Trolls et autres Gobelins
Ce n’est pas pour vous si
- Le plumage l’emporte sur le ramage
- Vous voulez un scénario autre que « Moi voir, moi taper »
- Vous aimez bien jeter des dés.
Goblivion
- de 1 à 2 joueurs (coop)
- à partir de 12 ans
- 30 minutes environ
Edité par Goblivion Games
Un jeu créé et illustré par Jean François Gauthier