Issu d’une licence Microsoft, Gears of War est, avec Forza Motorsports et Halo, l’un des fers de lance de la marque de jeux vidéo Xbox. Le pitch de ce Third Person Shooter tient en une ligne : sur une planète lointaine en ruines, des humains bodybuildés et bien armés tentent de repousser des aliens aussi retors qu’impitoyables. Les points forts du jeu vidéo à sa sortie en 2006 : une férocité de chaque instant, un décalage assumé entre gore et série Z, une intelligence artificielle un peu plus débrouillards qu’à l’ordinaire, et la capacité de se planquer derrière tout et n’importe quoi. Le jeu fit l’effet d’un véritable électrochoc dans le paysage vidéoludique de l’époque. Décliné en jeu de plateau en 2011 chez FFG / Edge par un certain… Corey Konieczka (Descent, X-wing, Battlestar Galactica, Run Wars, Les Contrées de l’Horreur, Imperial Assault, Rebellion…), le jeu avait pour but, à sa sortie, d’initier les fans du jeu vidéo aux subtilités du jeu de plateau « à la Descent ». Le challenge était de taille : faire lâcher son pad (ou sa souris) à un gamer, n’est pas chose aisée. Pas plus qu’il n’est simple de rendre la tension d’un jeu vidéo d’action ultranerveux dans un dungeon crawler peuplé de figurines, de cartes et de lancers de dés. Pari réussi ? Oui, trois fois oui. Et c’est d’ailleurs le plus triste dans l’affaire. Mais j’anticipe : jugez-plutôt.
Un challenge sanglant…
Sur le papier, la mission de Corey Konieczka semblait impossible. Gears of War est un jeu vidéo ultraviolent, tactique à ses heures, mais surtout nerveux et tendu comme le string de la princesse Leia qui serait soudain porté par Jabba The Hutt. Comment traduire cette rage acharnée dans un jeu de plateau, fut-il un Dungeon Crawler ? L’un des premiers aspects, c’est bien évidemment de soigner le design. Sur ce plan-là, pas de souci : plus de 30 figurines de Marines humains et de maysssssants aliens Locustes permettent de plonger dans l’univers cradogore de Gears of War avec un bonheur sans faille. Et le bestiaire est tout à fait satisfaisant puisque Drones, Tickers, Rebuts, Boomers, Berserker et Gardes Théron font (entre autres) partie du voyage. De leur côté, les Marines brandissent fièrement leurs Lanzors (mix de fusils d’assaut et de tronçonneuse) et leurs grenades Bolo (qui transforment rapidement n’importe quel ennemi en…sauce italienne pour pasta). Les autres éléments de décor ne sont pas en reste et rendent largement honneur à la licence xbox : couloirs sombres, salles déglinguées et halls cramés renvoient très directement aux premiers opus de la saga. Les gamers seront aux anges, les autres seront intrigués. Le monde de Gears of War est en effet un monde sale et fatigué, envahi par des intra-terrestres bien décidés à bouter les humains hors de leur jardin. Ce contexte de résistance désespérée et probablement vaine est parfaitement rendu dans le jeu, ce qui était le premier gros écueil à éviter.
Bon, on tronçonne ou pas ?
Le second challenge à relever reposait sur l’armature des règles. Comment rendre la tension d’un tel univers sur un jeu de plateau ? Corey Konieczka a opté pour une approche à la fois originale et efficace : les actions/points de vie. Chaque joueur dispose d’une main de cartes qui lui permet de réaliser des actions à chaque tour. Attaquer, se déplacer, ramasser des munitions, se mettre à couvert, etc. Pour effectuer une action, il doit se défausser d’une carte : jusque-là rien de fou. Mais la subtilité géniale de Gears of War, c’est que les cartes de chaque personnage symbolisent aussi ses points de vie. Plus un joueur effectue d’actions à chaque tour, plus il se met en danger si une rafale vient le cueillir à froid. Je sais, je sais, vous allez me dire que vous avez déjà vu ça dans d’autres jeux, à commencer par le Star Wars de Decipher. Certes. Mais il faut reconnaître que cela fonctionne extrêmement bien dans Gears of War, où le joueur a toujours en main la possibilité de prendre des risques, mais où il doit aussi savoir s’économiser pour le tour suivant. Il faut en effet gérer en permanence son désir d’avancer et d’aller tronçonner le Drone qui se planque derrière un abri. Par contre si on reste trop immobile (le temps de récupérer des cartes pour regonfler sa vie, par exemple), les Locustes ne se feront pas prier pour venir vous chercher. L’IA repose sur un principe simple et efficace : il y a toujours trois types d’ennemis sur chaque mission. Un deck représentant l’IA va activer un type d’ennemi à chaque tour, sans qu’on sache jamais lequel va tomber, puisque le deck de l’IA est remélangé à chaque cycle. Lorsque trois Boomers sont à portée de tir et que le personnage que l’on joue se trouve à court de cachette, on prie très fort pour que la carte IA tirée au sort active les autres ennemis. Ce climat très particulier de stress contribue au plaisir de jeu, chargé d’une tension quasi permanente. C’est bien plus vif et hargneux qu’un Descent, et bien plus bordélique qu’un Zombicide.
100% Gears sur un plateau
Mais la grande force de Gears of War, le jeu de plateau, c’est d’avoir su intégrer énormément d’éléments de son univers d’origine. Et je ne parle pas uniquement de cosmétique, mais bel et bien de gameplay. Les figurines (alliées et locustes) terminent ainsi chacun de leur déplacement en cherchant systématiquement à se mettre à couvert et à tirer depuis leurs abris de fortune. Les CGU pourront alors coordonner leurs actions en se couvrant les uns les autres, alors que les Locustes verront parfois l’arrivée surprise d’un Boomer venir débloquer une situation figée. Découpage à la tronçonneuse, course sprintée tête baissée, tir à l’aveuglette et équipement 100% Gears parachèvent l’impression que ce jeu n’est pas une bête exploitation mercantile d’une licence à succès de jeu vidéo, mais un vrai jeu à part entière qui a su parfaitement intégrer et adapter l’univers dont il se réclame. Si parfois un jet de dé raté rappelle à la réalité du genre, la possibilité de jouer solo et de créer ses propres missions (un mode Horde est même proposé) font de ce jeu un must-have pour tout fan de Gears of War…. ou de Dungeon Crawler qui se vit à 100 à l’heure.
Auto Headshot
On pourrait reprocher à Gears of War de ne proposer que peu de scénarios en natif, mais ce serait chipoter car le jeu propose de lui-même une génération aléatoire de map à chaque début de partie, pour éviter la redondance. Au final, le seul vrai défaut de Gears of War, Le Jeu de Plateau, c’est… qu’il n’existe plus. Il n’est plus édité depuis déjà quelques années et il a progressivement disparu des rayonnages. On le trouve parfois (surtout en anglais) au hasard de recherches sur les sites de petites annonces ou de vente en ligne contre une centaine d’euros. Certaines boutiques de jeux en ont parfois un qui prend la poussière dans l’arrière-boutique. Si vous en voyez un exemplaire, prenez-le sans la moindre hésitation. Gears of War est un grand nom du jeu de plateau avec figurines, qui a finalement bien plus souffert de sa filiation avec le jeu vidéo qu’il n’en a profité.
Voir notre Playlist Gears of War :
Hello,
Je vois sur une photo de l’article que tu as visiblement le Mission Pack 1 en VF, je cherche à m’imprimer une version « home-made » actuellement vu le prix de celui-ci en occasion et j’ai commencé à faire une maquette imprimable en traduisant un pdf de la version anglaise trouvé sur le net. J’essaie de faire une maquette la plus fidèle à l’originale possible pour que d’autres joueurs comme moi puissent imprimer leur version aussi s’ils le cherchent.
J’aurais bien aimé pouvoir comparer la traduction « officielle » avec la mienne (que je peux t’envoyer si ça t’intéresse), est-ce que éventuellement tu serais OK pour prendre les cartes en photo et me les envoyer (si tu les as encore)?
Pas besoin de haute résolution ou quoi tant qu’on arrive à lire le texte dessus, ça m’aiderait déjà bien.
Merci d’avance et bon jeu 🙂
Hello, je fais suivre à Olivier, qui est l’heureux détenteur de GOW. De mon côté, je le cherche encore 🙂
Hervé