mardi, décembre 3, 2024
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Last Aurora ou Mad Max au Tibet

 Pendragon games studio

1 à 4 joueurs | 13 ans et plus | 60 minutes

Au crépuscule de l’humanité, quelques survivants ont trouvé refuge sur les terres désormais gelées par cet hiver nucléaire qui n’en finit pas. Les réserves sont épuisées, et la route vers le sud n’est plus envisageable. Pourtant, alors que l’aube commence à blanchir la plaine immaculée, le crépitement de la dernière radio en état de marche du petit camp de réfugiés trouble le silence glacial.

– Ici l’Aurora….dernier appel… Nous appareillerons dans 6 jours… rendez… aux coor…nées suivantes …, à l’est du mont …. Dern… appel. Ici le briseur … glace Aur….

Un message ! LE message attendu. La position est incertaine, la zone lointaine et le voyage périlleux. Mais c’est un espoir, le dernier espoir de quitter cette terre condamnée vers un sud dévasté mais vivant. Il faudra faire vite, traverser les vallées de l’est controlées par les pillards, et trouver sur la route de quoi survivre. Mais pour la première fois depuis des mois, la possibilité d’une issue est née : la course peut commencer.


Last Aurora est à la base un jeu de 2 à 4 joueurs, créé par Pendragon Game Studio, qui a fait l’objet d’une campagne kickstarter en juillet 2019 pour une livraison en septembre 2022. La version française a été éditée par Matagot et est désormais disponible en boutique. Le mode solo a été créé pendant la campagne Kickstarter comme un ‘bonus’ pour remercier les backers du bon niveau de financement.

Dans Last Aurora, vous incarnez le chef d’une bande de survivants qui va tâcher d’atteindre l’Aurora, un navire brise-glace qui croise au large de terres désolées que vous devrez traverser coûte que coûte. Mais rejoindre l’Aurora ne vous garantira pas la victoire : Last Aurora est, sous ses faux airs d’Amerithrash post apocalyptique, une course aux points de victoire aux mécaniques plus inspirées de la pose d’ouvriers que du combat d’arènes à la Mad Max !!

Quoi, de l’Agricola post apocalyptique ??

Il ne faut pas exagérer non plus, mais effectivement, Last Aurora est un jeu de gestion de ressources qui utilise 2 mécaniques principales :

– la pose d’ouvriers (les survivants représentés par des cartes) auxquels on va pouvoir faire entreprendre des actions tous les tours (collecter des ressources, réparer et/ou améliorer le convoi, recruter, résoudre des rencontres)

– la gestion de tableau : un convoi matérialisé par un ensemble de cartes qui représentent le véhicule, ses remorques et les éventuelles améliorations apportées au fil du jeu. Le convoi permet de stocker des ressources, apporte des bonus à certaines actions (comme le combat ou le déplacement) et encaisse les dégâts supplémentaires lors des agressions.

Un convoi prêt pour l’aventure, avec une jolie vue pour le meeple sur la galerie !

Une partie se joue en 6 manches, chaque manche étant constituée de 5 phases.

On commence toujours par une phase d’exploration : c’est en fait la phase d’actions pendant laquelle chaque joeur à tour de rôle fait une action. Quand tous les joueurs ont passé (c’est à dire qu’ils n’ont plus de survivants disponibles ou qu’ils ne veulent plus faire d’action), l’exploration se termine.

Après l’exploration, vient une petite phase de repos qui est en fait une phase d’entretien pendant laquelle on va récupérer les survivants qui ont exploré la manche précédente (c’est un petit twist du jeu, les survivants ne peuvent être utilisés qu’un tour sur 2).

Puis vient le moment de se déplacer (c’est une course tout de même, et il faut arriver au bout du chemin avant le départ de l’Aurora) : comme vous l’imaginez, votre vitesse de déplacement va dépendre de vos améliorations, de bonus apportés par certains survivants et bien sur de votre capacité à ‘cramer’ du fioul.

la longue route vers la liberté… (ce plateau est recto-verso avec un deuxième parcours plus difficile)

Nous vous avons parlé des pillards ? C’est le moment pour eux d’intervenir : la phase 4 est la phase d’attaque. L’exploration a pu faire apparaître de dangereux individus sur la route, c’est le moment de les combattre. Un système simple de résolution (je pioche une carte qui me donne le résultat de mon attaque en fonction de mon niveau d’armement) permet de résoudre très facilement et rapidement les combats.

Enfin, avant de recommencer une nouvelle manche, une dernière phase voit l’Aurora s’éloigner inexorablement et de nouvelles cartes d’exploration sont ajoutées pour préparer l’étape suivante.

En fin de partie, on calcule le nombre de points de victoire (on peut gagner sans atteindre l’Aurora) et celui qui en a le plus …. gagne. Ces points de victoire se base sur votre position dans la course, le nombre de survivants encore en vie dans votre convoi et d’éventuels points bonus acquis en combattant ou en résolvant des rencontres spéciales.

Et en solo ?

Le parti pris des auteurs est d’avoir mis en place un automa qui simule un autre joueur. Cet automa fait des actions, prend des ressources, se déplace, participe aux combats et à la fin remporte des points de victoire.

L’automa a son propre tableau, son propre deck de cartes, et sa mécanique propre.

Du matériel que pour le mode solo

Il est TRES compétitif et a l’immense avantage de beaucoup moins dépendre que vous du tirage des cartes exploration. Les parties peuvent donc être très expéditives et très punitives pour peu que le plan ne se passe pas sans accroc.

Promesse tenue ?

L’éditeur dans sa quatrième de couverture (ça se dit pour un jeu de plateau ?) nous promet un jeu immersif, difficile qui mélange de nombreux styles de jeu, avec des parties au cours desquelles les joueurs seront amenés à accomplir des choix éthiques difficiles, affronter des ennemis effrayants tout en gérant leurs ressources…

Si si, tout ça. Et oui, tout ça est bien présent. Alors où est le problème ?

En fait, en voulant trop faire, rien n’est vraiment bien fait. L’immersion est mise à mal par le but du jeu lui-même : gagner des points de victoire, pourquoi pas survivre et réussir à s’enfuir ? En solo, l’automa est difficile, mais pour de mauvaises raisons (il ne dépend pas du tirage des cartes comme le joueur). Le jeu propose de nombreuses mécaniques : c’est vrai, mais du coup elles sont toutes édulcorées, donc on reste sur notre faim. Des choix éthiques ? Oui, mais ça ne concerne que quelques cartes rencontres que potentiellement on ne verra jamais dans une partie. Les ennemis effrayants ? En tout et pour tout, il y en a 6 dans l’intégralité du jeu.

Il faut rajouter en solo la complexité (inutile selon nous) de la gestion de l’automa. Pourtant, le thème (post apocalyptique), l’histoire (atteindre l’Aurora avant son départ) et les mécaniques (une course avec un deck de rencontres, des ennemis, etc..), tous les ingrédients étaient là pour en faire un bon jeu solo immersif : il suffisait de ne pas ‘simuler’ un autre joueur avec un automa, d’augmenter légérement l’aggressivité de l’environnement, et de décréter que la victoire consistait à rejoindre le bateau en 6 tours en moins (pour tout dire, nous avant créé notre propre mode solo ‘maison’ avec cette philosophie, et l’expérience de jeu a largement été améliorée).

On aime

  • la direction artistique générale, particulièrement les cartes convoi
  • un jeu de placement d’ouvrier dans un univers souvent réservé à l’amerithrash
  • la rapidité de mise en place et des parties courtes

On aime moins

  • un contenu très léger qui fait plus penser à une démo qu’à un jeu à part entière
  • l’automa fournie avec le jeu pour le solo : inutilement complexe / mal équilibrée et surtout pourquoi vouloir faire un automa quand il y a bien mieux à faire ??
  • un jeu très dépendant du deck d’exploration qui peut rendre l’expérience ludique très peu intéressante

C’est pour vous si

  • vous collectionnez les jeux au thème post-apocalyptique quels qu’ils soient
  • vous êtes d’accord avec le fait de ‘bricoler’ les règles pour rendre l’expérience intéressante
  • vous avez l’espoir qu’une extension digne de ce nom viendra complèter ce jeu

Ce n’est pas pour vous si

  • vous n’êtes pas fan du thème (la mécanique pure n’est pas un motif suffisant pour jouer à Last Aurora)
    • vous considérez qu’un jeu pour lequel il faut créer des règles maison est un jouet
    • vous avez peur de prendre froid

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