Depuis des décennies, les scientifiques et activistes tirent la sonnette d’alarme : un grand bouleversement climatique est en œuvre et changera bientôt complètement l’ordre du monde. Les déconvenues qui en résultent sont de plus en plus fréquemment observées partout dans le monde : cyclones, ouragans, inondations ou grandes sécheresses, canicules, feux de forêt… La conséquence la plus manifeste est la fonte des glaciers et des banquises, dont les premières victimes sont les espèces locales. Si le destin funeste du bœuf musqué, du mergule nain, de la mouette ivoire et de la morue polaire suscite peu de réactions, les ours polaires sont devenus les symboles de la lutte contre le réchauffement climatique. Ces bons gros doudous duveteux parviennent à émouvoir et susciter des réactions du grand public, à l’instar des pandas en Chine et des koalas dans les forêts australiennes. C’est un début, alors sauvons les ours polaires, pour espérer sauver l’Arctique…
Un jeu militant pour l’écologie
Rescue polar bears est un jeu coopératif conçu par Huang Yi Ming et Jog Kung, illustré par Collin Wang et Lauren Hsiu, localisé en France par Aurora games. Ce jeu au titre plus qu’évocateur permet une sensibilisation à la cause des ours polaires dans l’Arctique. Pour cela, nous incarnons des scientifiques et manipulons leurs bateaux ayant chacun leurs particularités. Nous prendrons donc tour à tour le gouvernail de puissants cargos pouvant transporter – et donc sauver – des ours en perdition dans les eaux glaciales où la banquise s’est délitée, de rapides frégates scientifiques capables de collecter de nombreuses données sur l’état de la banquise et des ours, ou encore de bateaux plus polyvalents. Il va alors s’agir, à la manière de Pandémie ou Sub Terra, de tirer le meilleur profit des capacités spéciales de chaque bateau pour atteindre notre objectif.
Pour mener à bien notre mission de sauvetage, il s’agit donc de collecter des données scientifiques matérialisées par des jetons représentant un graphique. Ces derniers sont révélés au fur et à mesure de la partie, sachant qu’il y en a toujours au moins un sur le plateau. Sans données scientifiques, il est impossible d’agir efficacement en faveur de l’Arctique.
Cependant, si la température de l’eau excède 20°C en fin de tour ou si au moins un ours se noie sans qu’un hélicoptère soit disponible pour le secourir en urgence, nous échouons lamentablement et la partie s’arrête immédiatement.
Expédition au Pôle Nord
En début de partie, les tuiles de banquise et océan sont installées aléatoirement face cachée avant d’être révélées, ce qui permet un plateau unique à chaque partie. Parfois nous arpenterons la calotte glacière, parfois nous sauterons d’iceberg en iceberg pour sauver Bouba !
Ensuite, les ours sont placés sur les diverses tuiles gelées selon un principe simple en fonction de la couleur des tuiles : un mâle et une femelle, un père et son ourson, une femelle et son ourson, deux oursons ou rien du tout.
Nos deux bases scientifiques sont placées en bordure de plateau et 6 hélicoptères en tout y sont déposés. C’est alors que débutent les choses sérieuses : un jeton alerte est révélé et indique la prochaine tuile de banquise qui fondra, ce qui dépend de sa valeur en fonction de la température de l’eau en fin de tour.
Enfin, 3 cartes de position sont révélées permettant d’indiquer très clairement où trouver les premiers jetons scientifiques sur le plateau avec sur chaque carte un plan du plateau très lisible. Le décor est planté, la partie peut commencer une fois les bateaux disposés sur leurs emplacements de départ.
Un jour au Paradis Blanc
Un tour se décompose en 3 étapes :
- Trois actions de navire au choix parmi plusieurs possibilités :
- se déplacer et collecter gratuitement les données scientifiques dans l’eau sur son trajet ou encore activer des balises d’urgence
- collecter un jeton « donnée scientifique » sur la banquise
- porter secours à un ours sur des tuiles de banquise adjacente (charger un ours = une action)
- décharger tous ses ours au niveau d’une des deux bases scientifiques (décharger tous les ours = une action)
- briser la glace pour se frayer un chemin et abaisser la température de l’eau, mais en réduisant la surface de banquise disponible pour les ours…
- Une action d’ours
- Nous lançons un D20 qui indique sur quelle tuile les ours agissent. S’il y a mâle et femelle, 2 petits naissent, mais comme la limite d’ours par tuile est de 3, au moins un des deux oursons doit fuir sur une tuile gelée adjacente… ou tomber à l’eau s’il n’y a pas de place pour l’accueillir autour ! Il faudra alors utiliser un hélicoptère pour le sauver. Sans hélicoptère, la partie est perdue et, la nature étant impitoyable, cela peut aller vite ! S’il y a des oursons plutôt qu’un couple, il n’y a pas de reproduction mais une croissance. Les oursons sont remplacés par des jetons adultes, dans la mesure du possible en formant un couple. S’il n’y a ni reproduction ni croissance, c’est que les ours polaires sont vraiment en péril, auquel cas il faudra ajouter un degré à la montée de la température en phase suivante.
- Une phase climatique
- Nous lançons un D6 qui détermine de combien de degrés s’élève la température de l’eau, avec un éventuel degré supplémentaire selon l’étape précédente. Si la température dépasse la valeur du pion d’alerte, alors la tuile correspondante fond. Si elle contient des ours, ces derniers doivent fuir… ou le cas échéant risquer de se noyer. Un nouveau jeton d’alerte est ensuite révélé dont on ne tiendra compte qu’à la fin du tour suivant.
La partie se déroule ainsi jusqu’à ce qu’une condition de défaite ou de victoire soit atteinte, mais il y a tout de même quelques rebondissements bienvenus !
En effet, au fil des collectes de jetons scientifiques, nous comprendrons mieux le danger encouru par la banquise et nous adapterons notre stratégie et nos équipements. Il sera possible de booster nos bateaux au niveau de leur capacité d’action, de leur vitesse de déplacement, de leur capacité de transport d’ours, etc.
Tout au long de notre exploration, nous pourrons aussi passer sur des balises d’urgence ou des bouées qui permettent de révéler une carte évènement qui vise toujours à nous aider. Cependant, nous ne pouvons en jouer qu’une par tour et une fois la bouée saisie, elle est éliminée du jeu.
Malgré ces possibilités de placement, et les options qui s’offrent à nous, Rescue Polar Bears reste assez répétitif et finalement, seules les actions des bateaux nous proposent de nous investir dans le jeu. Pourtant, la tension monte au fil de la partie, car la banquise fond inexorablement, les ours ont moins de place, et les risques de noyades augmentent à chaque tour. Nous nous sentons investi d’une véritable mission et croyez-moi, si vous ne versez pas une larme à chaque ours perdu, c’est que vous n’avez pas de cœur tant ils sont mignons !
Le soucis, c’est que si on ne s’occupe que de sauver les ours en situation critique, on n’avance pas sur la collecte des données scientifiques qui sont pourtant la clé de la victoire. Il faut prioriser, anticiper, s’organiser…
Les premières parties peuvent être très difficiles, mais comme souvent dans ce type de jeux, une fois qu’on sait comment gagner, c’est beaucoup plus (trop ?) facile.
Fort heureusement, il y a des variantes pour corser un peu tout cela. On peut intégrer au plateau des tuiles de glace flottante aléatoirement placées pour entraver notre progression, mais aussi celle des ours lorsqu’ils fuient la fonte de la banquise… On peut démarrer la partie avec une eau plus chaude à 10 ou 12 degrés plutôt que 4 et/ou faire progresser le réchauffement de deux degrés de plus à chaque tour. Cela matérialise la situation d’urgence dans une mise en action un peu tardive des équipes scientifiques au regard de la situation climatique…
Il y a donc de quoi maintenir un haut degré de tension, même lorsque l’on connaît bien le jeu. Et comme la situation de l’Arctique est assez critique dans la vraie vie, la mécanique du jeu et son évolution au fur et à mesure de notre progression sont finalement hélas assez cohérentes… Lorsqu’un jeu cherche à sensibiliser la population à une causes donnée (écologique, politique, sociétale…), la mécanique est parfois peu développée, on sent bien que le jeu n’est qu’un prétexte pour aborder la dite cause. Avec Rescue Polar Bears, le jeu n’est pas qu’un prétexte au militantisme écologique, nous avons affaire à une mécanique soignée, dans l’esprit de Pandémie, Sub Terra ou Bataille à Poudlard, et cela fonctionne très bien avec un matériel de qualité propice à l’immersion. Nous voulons vraiment sauver ces ours polaires !
On aime
- Une vraie mécanique de jeu ludique et prenante qui sert la cause écologique
- Des petits ours en résine vraiment trop choupinoux
- Des bateaux en 3D aux actions variées
On aime moins
- Les jetons données scientifiques qui sont très abstraits, ce sont juste des données, mais qui nous informent sur quoi ?…
- Le côté un peu répétitif des tours de jeu des fois vite expédiés, avec une mécanique certes fluide, mais finalement assez simple.
Vous aimerez si…
- Vous aussi, vous avez envie de sauver les ours polaires…
- Vous aimez les jeux dans lesquels vous faites évoluer votre plateau, vos compétences
- Vous aimez les jeux coopératifs, mais en solo, et vous souhaitez varier les plaisir en explorant une nouvelle thématique au cœur de l’actualité.
Vous n’aimerez pas si…
- Jouer plusieurs personnages vous rebute
- Vous aimez les jeux complexes aux possibilités d’actions multiples
- Vous avez peur qu’un grand cachalot, une orque ou un ours polaire un poil ingrat ne vous dévore…
Rescue Polar Bears – édité par Aurora
- 1 à 4 joueurs
- à partir de 10 ans
- 30′ à 1h par partie