samedi, octobre 5, 2024
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Sologame Countdown #12 : Shadowrun crossfire

« cours Forrest, cours ! »

Jeu de rôle créé en 1989 , Shadowrun se déroule dans une sorte d’uchronie cyberpunk, dans laquelle des créatures que l’on a plutôt l’habitude de croiser dans un monde médiéval fantastique se côtoient dans une projection futuriste de ce qu’aurait pu être notre histoire entre 1990 et 2070. Catalyst Game Labs a racheté la licence en 2000 à l’éditeur originel FASA Corporation, et a décidé en 2014 d’éditer un jeu que l’on pourrait qualifier de ‘deck building’, mais qui est au deck building ce que les échecs sont aux petits chevaux !

Ce jeu est tout sauf un ‘dominion-like’.

Certes, chaque joueur a un deck de cartes initial qui va s’enrichir au fil du jeu à travers les différents achats effectués par chaque joueur, mais la comparaison s’arrête là : les sensations de jeu, la dynamique, les ‘combos’, etc… n’ont absolument rien à voir.

shadowrun-card1Le jeu, résolument collaboratif, va consister à résoudre un ensemble de crises de plus en plus difficiles et la victoire ne sera acquise que si tous les personnages reviennent vivants de la mission. Si l’on abstrait le background, résoudre une crise revient à dépenser des ressources d’un type donné dans un ordre bien défini.

Toute la saveur du jeu va consister à ‘collecter’ ces ressources, au bon moment, par le bon personnage tout en préservant ses possibilités de survie future. Soyons clair : derrière ses règles simples, le jeu est très difficile, très ‘technique’ et demande de la pratique. Et même avec de l’expérience, la conjonction de certaines crises avec le mauvais événement au mauvais moment peut transformer une situation sous contrôle en un chaos quasi irrécupérable.

Pourquoi on aime ce jeu ?

– une mise en place et un jeu assez rapide : finalement un scénario de base se joue en moins de 10 tours en moyenne, et pour un deck de départ de 7 cartes, on finira rarement au dessus de 15 cartes. Ca va très très vite…

– des règles de campagne simples mais excellentes : même en cas de défaite (KO d’un personnage), les personnages restants ont la possibilité de fuir pour tenter de s’en sortir vivant. S’échapper rapporte des points d’xp qui permettent petit à petit d’améliorer les compétences de départ pour augmenter ses chances de succès ! C’est très malin car cela permet de gérer élégamment la frustration de perdre très souvent au début.

– une grande rejouabilité : c’est le côté surprenant. Le nombre de cartes est assez faible par rapport à des jeux similaires, et effectivement, au bout d’une dizaine de parties, on ne découvre plus vraiment de nouvelles cartes. Mais là où cela serait une faiblesse pour un jeu de deckbuilding classique, c’est ici un atout nécessaire ! La complexité ne vient pas de la combinatoire entre un grand nombre de cartes, mais bien d’une situation liée à la temporalité des événements. On est beaucoup plus proche d’une difficulté à la ‘Agricola’ qu’une difficulté à la ‘dominion’, et de la même manière qu’avoir 10 nouvelles espèces d’animaux à Agricola n’apporterait pas grand chose au gameplay, avoir 10 types de personnages supplémentaires n’apporteraient rien au jeu.

Shadowrun crossfire, par Scott King, http://www.scottkingphotography.com/
Shadowrun crossfire, par Scott King, http://www.scottkingphotography.com/

Et en solo ?

Le jeu est parfaitement jouable en solo (avec 2 personnages minimum contrôlés par le joueur). Par contre, c’est un jeu tellement punitif que gagner en solo avec 2 personnages relève de l’exploit ! Il faut accepter de contrôler 4 personnages pour apprendre les subtilités des scénarios proposés, et se donner une petite chance de survivre, à défaut d’aller au bout.

A suivre ?

Plusieurs extensions pour ajouter des personnages sont parues, mais la plus intéressante est sortie en 2015 : elle s’appelle « High caliber ops ». C’est la seule à ajouter des nouvelles cartes qui viennent enrichir le deck.

Où le trouver ?

Comme tous les jeux en import, il faut attendre un réapprovisionnement hypothétique ou compter sur le marché de l’occasion. Neuf, on peut le trouver à moins de 60 €.

Le détail qui tue

Les personnages évoluent, avec un vrai mode legacy ! Chacun choisit sa race (elfe, troll, nain, orc, humain), son illustration, donne un nom à son personnage, et c’est parti ! shadowrun-crossfire-perso

A chaque fois qu’il revient vivant d’une mission, des points d’expérience sont gagnés en conséquence. Cela paraît un petit plus, mais les victoires sont tellement chèrement acquises, qu’il ne faut pas bouder son plaisir. Et quelle joie, quand enfin, après tant d’efforts, on a suffisamment de points d’expérience pour coller son premier sticker sur son personnage !! On se croit alors invincible….jusqu’à la partie suivante 😉

 

A qui conseiller ce jeu ?

Ce jeu n’est pas à mettre entre toutes les mains. Il demande beaucoup de réflexion, de l’anticipation, de l’optimisation avec une dimension aléatoire liée au déroulement des missions qui maintient la tension tout au long de la partie. Sous ses apparences de jeu sous licence qui a collé une mécanique rodée à un thème fort, se cache un jeu résolument abstrait, difficile à maîtriser, et vraiment original.

L’univers et l’atmosphère de shadowrun sont-ils respectés ? Seul un joueur vétéran saurait l’affirmer, mais ce qui est sur, c’est qu’être un runner est terriblement dangereux, et la sensation d’évoluer dans un monde sans pitié et violent est parfaitement émulée par la mécanique…

Liens :

La fiche du jeu sur boardgamegeek.

Le site de l’éditeur.

…à demain pour un autre jeu solo ! 

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