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Vendredi (Friday)

Mise à jour du 24 octobre 2016
Après être resté longtemps indisponible : Vendredi fait son grand retour chez Edge Entertainment.

Sorti en 2011, ce jeu allemand conçu pour 1 seul joueur est signé Friedemann Friese et a été traduit en français par Filosofia. Il s’agit d’un jeu de cartes de type deck-building (on commence avec une main pourrie qu’il faut évacuer au fil du jeu pour laisser de la place aux bonnes cartes) avec un pitch assez sympathique. En effet, Robinson vient de s’échouer sur une île déserte, mais il n’est vraiment pas doué pour la survie. Il faut donc l’entraîner à la dure (on pourra mettre le Training Montage de Rocky 4 en fond sonore) pour lui permettre de s’échapper de l’île, et d’affronter à lui tout seul deux navires-pirates qui mouillent dans la baie. Vu le niveau de départ du bonhomme, c’est pas gagné.

Un matériel en demi-teinte

vendredi_combat_cardsSi les habitués des petits kickstarter seront en terrain connu, les joueurs venus des grosses productions seront peut-être un peu surpris en ouvrant la boîte : des cartes au format et au look atypique, des playmats un peu inutiles, un parti pris graphique un peu barré (mais pas assez), et des règles incroyablement fouillis. Petite précision d’emblée : j’ai testé le jeu dans sa version anglaise, donc peut-être que les règles de Filosofia sont un peu mieux foutues. C’est en tout cas à souhaiter, car on ne retiendra pas ce jeu pour la clarté de ses règles (pourtant simples !) : c’est assez mal foutu et une aide de jeu aurait clairement été la bienvenue dans la boîte.

On retiendra quand même le papier utilisé pour les cartes, légèrement jauni comme si elles étaient déjà vieilles, et les illustrations choisies. Ces dernières sont clairement humoristiques, mais un degré supplémentaire aurait pu (dû) être franchi afin de les rendre plus attrayantes encore, et elles manquent cruellement de variété une fois qu’on en a fait le tour une ou deux fois. C’est dommage, car il y avait là un potentiel décalé assez prononcé.

3 Decks pleins de surprises

S’il repose sur du deck-building pur et dur, Vendredi apporte néanmoins son lot de trouvailles qui ajoutent énormément de piment au jeu. Le joueur commence avec le personnage de Robinson, incroyablement mauvais en tout, et va le soumettre à chaque tour à des épreuves qui seront de plus en plus difficiles au fur et à mesure que le jeu avance dans le temps.

Le jeu repose sur 3 decks de cartes qui vont symboliser la vie de Robinson sur l’île. Le premier deck (appelons le « principal ») est composé des cartes représentant Robinson. Les cartes possèdent une valeur (de -2 à + 2) montrant la capacité du personnage à faire face aux dangers alentour.

vendredi_hazard_cardsLe second deck, c’est justement celui des dangers. À chaque tour, le joueur en pioche deux et choisit celui que Robinson va affronter pour ce tour. Le danger peut être facile ou difficile à vaincre, et sa difficulté va augmenter au fur et à mesure que le jeu avance. Pour vaincre un péril (explorer l’île, affronter des cannibales…), le joueur doit atteindre un score défini par la carte en piochant un nombre de cartes également défini par le péril lui même. S’il n’atteint pas ce score (n’oublions pas que Robinson a pas mal de cartes de valeur 0 et moins), il peut décider de sacrifier des points de vie (Robinson en a 20) pour piocher des cartes supplémentaires. À tout moment, Robinson peut décider de renoncer à affronter ce péril et à s’avouer vaincu. Si Robinson gagne, il s’empare de la carte péril, qui comporte un côté « Robinson », et l’ajoute à son Deck principal. Les cartes obtenues de la sorte sont bien évidemment plus puissantes que celles données au départ. En revanche, si Robinson renonce au péril, et s’il a utilisé des points de vie pour piocher des cartes supplémentaires, il peut sortir définitivement du jeu des cartes qu’il a jouées ce tour. Les cartes les plus faibles qui encombrent le deck peuvent donc être évacuées en cas de défaite, ce qui ouvre bien des perspectives.

Le troisième deck (l’idée la plus perverse du jeu) symbolise le fait que Robinson prenne de l’âge et devienne un peu gaga. Ce sont des cartes aux valeurs négatives, que l’on ajoute au deck principal à chaque fois qu’il est vidé. C’est sale, mais efficace.

Une mécanique très maîtrisée

vendredi_pirate_cardsPour résumer, donc : Robinson doit vaincre des périls pour progresser et obtenir de meilleures cartes, il doit aussi renoncer à certains périls pour évacuer les cartes les plus faibles, mais il doit en outre repolluer son deck de cartes négatives en avançant dans la partie. On voit d’emblée que le challenge est élevé.

Sans rentrer dans les détails, les cartes les plus fortes déclenchent également des effets de jeu (piocher des cartes, regagner de la vie, échanger des cartes…) qui les rendent très puissantes, surtout quand on parvient à les combiner.

En cours de partie, on réalise que le jeu est très bien rôdé, et qu’il tourne parfaitement. C’est véritablement du grand art de gameplay et le plaisir de jeu est à la hauteur.

La partie s’achève quand Robinson tombe à court de point de vie, ou quand il parvient à vaincre les deux cartes de pirates (sortes de boss de fin de niveau) qui demandent beaucoup d’intelligence dans la gestion des cartes et de leurs effets. S’il y parvient, il peut établir son score, et goûter un repos très mérité.

Le jeu à emmener sur une île déserte ?

friday04À l’instar d’autres jeux de type solitaire, comme SOS Titanic ou Onirim, le jeu peut produire une lassitude certaine si on le sort trop souvent. Ces deux autres jeux s’en sortent même mieux sur la durée de vie, puisque Onirim est fourni avec 7 extensions et SOS Titanic propose des personnages différents à jouer.

Robinson fait pâle figure à côté, avec simplement un score à battre et plusieurs niveaux de difficulté pour essayer de se compliquer (ou simplifier) la vie.

Et pourtant, je pense que des 3, ce serait celui-là que j’emmènerais avec moi, tant son gameplay diabolique est accrocheur. Rajoutez à cela un Robinson a l’air totalement dépassé, et vous obtenez un jeu fun, simple d’accès et plein de profondeur, qui saura vous donner du fil à retordre quand les dieux de la pioche seront contre vous. Une réussite de la réussite !


Vendredi, un jeu édité en français chez Edge.

Pour essayer de lire la règle en anglais, c’est ici.

 

2 Commentaires

  1. Existe t’il d’autres jeu avec une mecanique semblable? J’adore. Je connais airborne commander qui ressemble bcp. Avez vous d’autres suggestions

Répondre à Luc michaudAnnuler la réponse.

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